Novembre - Semaine 4
Les chansons de Ludovic Gourvennec
Novembre - Semaine 4 :
Clara Luciani est devenue une valeur sûre de la chanson française. Vous vous souvenez probablement de sa magnifique chanson phare, devenue un tube, « La grenade » (2018), qui a surpris un peu tout le monde, et elle en premier. Cet hymne féministe finement formulé a mis en lumière une artiste qui était déjà apparue au sein du collectif mouvant (notamment dans les voix féminines) La femme et en première partie de chanteurs comme Raphaël ou Benjamin Biolay.
Couronnée d’une Victoire de la musique dans le sillage de cette chanson, elle a depuis poursuivi solo cette carrière naissante, en articulant efficacement les collaborations (elle a fait de nombreux duos, avec notamment Nekfeu, Calogéro, Julien Doré ou Pierre Lapointe – je vous conseille le très beau « Qu’est-ce qu’on y peut ? » (2019) sur la fatalité amoureuse et l’inexorable attirance des corps) et ses propres productions.
Je vous soumets ici trois morceaux que j’aime beaucoup (un en solo, deux en duo).
Le premier évoque, thème classique dans la chanson, une rupture amoureuse, mais ici selon une optique que je trouve originale, vraie et belle, où, dans le souvenir de la relation finie, la dimension physique et charnelle prend une place centrale, essentielle, dans le moindre détail des peaux et des silhouettes qui hantent, avec des mots crus mais pas vulgaires, et donc une certaine élégance d’écriture.
Mais l’ensemble également s’inscrit dans une double influence. Vocale d’abord, car son timbre, sa tessiture et son interprétation font vraiment penser à Françoise Hardy (« Tous les garçons et les filles de mon âge », ah toute une époque) – il y aurait même comme une ressemblance physique entre ces deux artistes. Visuelle ensuite, car le clip évoque immanquablement un artiste qu’elle revendique dans son héritage esthétique, Jacques Demy, et ses merveilleuses comédies musicales des années 60, pleines de mouvements, de couleurs, de chorégraphies et de mode (« Les demoiselles de Rochefort », par exemple).
« Le reste » (2021) :
La seconde chanson est une collaboration avec Julien Doré, piano-voix minimaliste, les pieds dans l’eau, pour une tonalité douce et nostalgique où la mélodie fonctionne bien. Est-ce une chanson optimiste ou triste ? Voyez ce que vous en pensez.
« L’île au lendemain » (2021) :
Le troisième morceau illustre bien les collaborations très larges qu’elle mène puisqu’elle chante ici avec Alex Kapranos, chanteur de l’emblématique et magnifique groupe écossais Franz Ferdinand (avec qui, selon la rumeur, elle est ou était en couple, mais là encore, rendez-vous dans la rubrique people, que je ne fréquente pas trop). Il s’agit d’une reprise d’une chanson majeure de Nancy Sinatra, bien sûr composée par son binôme, l’absolu génie Lee Hazlewood, comme « These boots are made for walking » ou « Bang bang », aux arrangements à la fois rock et symphoniques exceptionnels. Dans la version récente, une partie du texte est en français. Je vous mets l’originale (y a les fringues, la moustache, les santiags ou les bottes et la choucroute) et la reprise.
« Summer wine » (1966) :
« Summer wine » (2020) :
Bonne semaine à toutes et à tous.