Les chansons de Ludovic Gourvennec

Juin - Semaine 2 :

Dans la chanson, où sont les repères entre les versions studio et la scène ? L’enregistrement en studio permet tous les arrangements, tous les gommages inesthétiques, toutes les audaces, tandis que la scène implique l’urgence de la prestation unique, l’immédiateté de l’interprétation (même si aujourd’hui, les ingénieurs son garantissent souvent une qualité importante en concert). 
Il arrive que des artistes aient du mal à (ou n’aient pas envie de) défendre sur scène leurs versions studio (Gérard Manset a longtemps refusé les concerts, Indila n’en a pas fait beaucoup, à ma connaissance…), mais inversement, une découverte studio qui pourra paraître a priori anodine se verra bonifiée par la prestation scénique.

Je voudrais aujourd’hui évoquer Aloïse Sauvage, artiste pluridisciplinaire touchant à tout, la danse, le cirque, le cinéma (elle a joué dans le beau film retraçant les années SIDA « 120 battements par minute » en 2017) et aussi la chanson. Elle a produit deux albums Dévorantes en 2020 et Sauvage en 2022, avec une ambiance un peu rap, textes scandés et musique urbaine, où dominent les thématiques modernes de tolérance, de féminisme et d’ouverture, avec une voix qui peut paraître un peu particulière, un peu aride aux puristes de la diction académique – mais à voir. Quelques exemples :

« A l’horizontale » (2019) 

Belle chanson (« Tremper ses lèvres ou tempérer la fièvre ») qu’elle a défendue de belle manière aux Victoires de la Musique 2020 : 

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« L’orage » (2019)

Hymne féministe aux accents menaçants de la révolte, hyper efficace :

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« Croc top » (2022)

A nouveau, option offensive et catégorique contre les velléités masculines de séduction qui débordent, dans cette chanson aux petits airs d’Angèle : « Quand on dit non non non, c’est non, ce qu’t’entends ? », avec cette interrogation fertile : « Comment est-on encore bloqué dans le monde d’avant ? / L’égalité avec toi mon ami, mon amant » : 

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« Soulages » (2022)

Il n’y a pas tant que ça d’artistes d’aujourd’hui qui puissent associer la détresse sentimentale (« Y a pas si longtemps c’était tout noir ») à l’œuvre de Pierre Soulages, décédé dernièrement (allez à Rodez voir son musée, c’est magnifique), peintre assimilé au noir – mais le noir n’a de sens et de valeur que dans son rapport à lumière – et finalement au blanc, mais je m’égare...

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Les versions studio étant abordées, je dois avouer, qu’à l’origine, je n’ai pas forcément accroché. Et j’ai vu Aloïse Sauvage en concert début décembre 2022 au Botanique à Bruxelles (salle remplie + grosse ambiance), et ma perception de la chanteuse sur scène a totalement modifié ce que j’avais anticipé du studio. Set très physique et dynamique, rythme tonique avec beaucoup de danse – mais l’artiste se bouge sans excès avec une grâce louable, accompagnant chaque chanson de son déhanché subtil, et utilisant parfois un filin accroché à sa main qui lui permet de voltiger au-dessus de la scène et de la foule, forcément conquise – et en définitive, grande envie pour moi de revenir découvrir les versions studio. La boucle est bouclée – mais sans doute aussi ouverte !


« Présentement » (2022)

Un exemple de chanson en live avec l’utilisation du filin :

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