Les chansons de Ludovic Gourvennec

Janvier - Semaine 1 : 

Espérons que l’année 2022 qui s’ouvre nous offrira davantage de constance et de certitudes que ses deux dernières collègues et qu’elle sera moins impactée par les vicissitudes que nous avons connues depuis deux ans, et qui ont décliné les espoirs et les désillusions, les dépressions du confinement et les renaissances des sorties à nouveau autorisées, les up et les down, le chaud et le froid, l’envers et l’endroit.

Pour être raccord avec ce constat, voici cette semaine un groupe nouveau et deux belles chansons qui disent la naissance et la disparition, l’ouverture et le terme : Rouquine. Ses deux membres ont pendant longtemps (depuis 2010) piloté le groupe Babel qui s’est éteint en 2018 pour renaître sous la forme de ce duo au nom étrange, qui a été lauréat du programme « The artist » sur France 2. Voici une capsule qui les présente :  

« The artist » : 

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J’ai découvert récemment plusieurs de leurs morceaux dont je vais retenir les deux suivants, qui font système, évoquant, selon une perspective antithétique mais systémique, la mort et la naissance. Je pense toujours d’ailleurs, lors d’un décès, à cette formule de la magnifique chanson du groupe les Têtes Raides : « Un soleil qui s’éteint, c’est une mer qui s’étire / Un enfant qui nous vient, c’est une mort à venir » de la superbe chanson suivante (qui me rappelle tant de souvenirs de deux projets et rencontres que j’ai fait.e.s avec eux dans ces années-là) :

« Dépêche-toi » (2000) : 

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Rouquine produit dans le même élan une évocation de la vie, tantôt selon sa fin et la disparition, tantôt en abordant une naissance, et la conjonction des deux, sans doute prochainement finalisée dans un album, s’avère cohérente en insistant sur la complexité et la fatalité de l’existence.

« Mortel » (2021) / Il s’agit d’une sorte de chronique du dernier jour d’un condamné, personnage narrateur atteint d’un cancer et qui sait qu’il va mourir très bientôt (« J’vais profiter comme un salopard, c’est mon jour de départ »). Dit comme ça, c’est sinistre, mais la chanson, par son texte subtil, son interprétation assez légère, décalée et, surtout selon moi, une mélodie efficace, positive, charmante (et la belle voix d’un des deux), donne à ce moment éprouvant une tonalité assez agréable – et c’est sans doute là son mérite :

« Mortel » (2021) :

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« Tombé » (2021) : chanson à nouveau d’un personnage narrateur, mais il s’agit cette fois-ci d’un bébé qui vient de naître et qui s’adresse à sa mère. La chanson est originale et surprenante, de ce point de vue, à nouveau avec un refrain à la mélodie réussie (« Je suis tombé de ton ventre… ») – et cet air de flûte récurrent (qui correspond, dans le clip, à l’incrustation en ombre de l’ours de Pimprenelle et Nicolas). Mais là, niveau psychanalytique, c’est du lourd – je ne sais pas si les mecs ont lu Lacan, mais il y aurait des choses à dire sur le cordon coupé ou à couper (« Je sais que tu es innocente, comme le sont toutes les daronnes » hum hum…) :

« Tombé » (2021) :

    

Bon week-end à tous et à toutes.