FÉVRIER - SEMAINE 3
Les chansons de Ludovic Gourvennec
Février - Semaine 3 :
Salut à toutes et à tous,
Si vous ne connaissez pas encore Les Ogres de Barback, votre vie potentiellement monotone va tout d’un coup vous sembler beaucoup plus intéressante. Et si vous les connaissez déjà, vous allez pouvoir trouver un magnifique cadeau de Noël à offrir aux charmantes têtes blondes de votre entourage – mais aussi aux « têtes chenues », comme disait Georges – si tant est qu’on offre encore des cd à Noël.
Les Ogres de Barback sont un groupe vraiment très original et vraiment chouette, pour de multiples raisons (là, c’est le prof de français qui sort l’artillerie structurelle et argumentative) :
- Composé de 4 frères et sœurs, Fred, Sam, Alice et Mathilde Burguière (aujourd’hui rejoints par le petit dernier de la fratrie, Léo), il dispose en quelque sorte d’un noyau familial et essentiel, qui garantit l’unité ;
- Les Ogres ont assez tôt fait le choix de créer leur propre label (Irfan) de façon à être indépendants des maisons de disques officielles et de profiter ainsi d’une autonomie de création précieuse. C’est une démarche vraiment audacieuse et très respectable ;
- Tous les membres du groupe sont multi-instrumentistes et cela est vraiment impressionnant, d’autant qu’ils font la part belle à de nombreux instruments généralement délaissés par la création actuelle (violon, violoncelle, trombone…) et en particulier l’accordéon (« même si c’est un instrument pour les cons », comme ils le disent ironiquement dans une de leurs chansons) ;
- Le chanteur principal, Fredo, a une voix vraiment chouette et surtout une diction de malade et la capacité à enchaîner les paroles à une vitesse folle !
- Le noyau familial évoqué plus haut a toujours été totalement ouvert aux influences et amitiés de toutes sortes, si bien que des collaborations multiples et fertiles ont été menées depuis de très nombreuses années avec des artistes divers, d’ici et d’ailleurs – le spectre est très large (Idir, Zebda, Loïc Lantoine, Aldebert, Francis Cabrel, Juliette, Pierre Perret, CharlElie Couture, la fanfare Eyo’nlé, Mous et Hakim,…).
- Le groupe a produit de nombreux albums depuis sa création, tous articulés autour de thématiques textuelles de partage, d’échange, de frontières à dépasser, d’écologie, de démocratie participative, de valeurs positives, d’accueil, autour d’instrumentations variées et autour de voix multiples (Fred est le chanteur principal mais l’interprétation est largement bonifiée par les voix féminines et masculines du groupe et aux très nombreux invités) ;
- L’identité musicale du groupe s’est doublée d’une identité graphique et esthétique liée aux pochettes d’albums, aux affiches ou dessins et aux divers moyens de communication : le graphisme est vraiment réussi et permet d’identifier Les ogres.
- Leurs concerts sont des moments festifs assez incroyables d’effervescence, de dynamisme, de partage et d’échange, que je vous conseille vraiment ;
- Et en plus, ce sont des gens vraiment sympas, restés simples et abordables, ouverts sur les autres, accueillants, avec lesquels j’ai mené naguère avec bonheur deux projets pédagogiques dont je garde un souvenir magnifique.
Bref, les Ogres sont inscrits à la fois dans la tradition d’hier (dont ils gardent la trace précieuse) et dans la modernité d’aujourd’hui et de demain (qu’ils construisent à leur façon).
Toutefois, comment choisir dans cette œuvre protéiforme les morceaux essentiels ? – c’est impossible ! Voici donc quatre morceaux que j’adore et qui ont modestement marqué mon lien avec eux et que je trouve représentatifs de leur œuvre magnifique - dont j’espère qu’ils vous donneront envie d’aller en découvrir d’autres.
« Contes, vents et marées » (1999) :
« Carlos Mervil » (2014) :
« La femme du guerrier » (1997) :
« Au café du canal » / Magnifique chanson de Pierre Perret que les Ogres ont exposée, redynamisée, bonifiée dans une reprise très réussie, qui a connu plusieurs versions dont une avec de nombreux invités divers :
Il faut tout de même ajouter que les Ogres ont créé, il y a une vingtaine d’années (2003), un concept discographique incroyable appelé Pitt Ocha, à l’origine destiné aux enfants. La Pittoresque Histoire de Pitt’ocha (2003) a donc inauguré un cycle qui a mené à Pitt Ocha et la tisane de couleurs (2013) en passant par Pitt Ocha au Pays des Mille Collines (2009). Tous ces albums sont remplis de chansons tout à la fois naïves et profondes que je ne peux que vous recommander, mes enfants ayant été musicalement nourris de cette sève poétique et musicale magnifique.
Il se trouve que les Ogres viennent de sortir en cette fin d’année le 4ème album de la série, Pitt Ocha et le Vélo à Propulsion Phonique (2022). C’est magnifique ! Si vous êtes convaincus, commandez le cd et diffusez autour de vous, c’est super chouette pour les enfants. Quelques exemples (3 dans cette liste fertile, mais il y en a plein d’autres, jusqu’à une reprise magnifique d’Anne Sylvestre) :
« La liste de Pitt Ocha » (2022) / Chanson très tendre (avec des voix enfantines) sur les différentes choses qu’on a à faire, mais surtout, « il faut que je n’oublie pas, le plus important sur ma liste, de penser à toi » :
« Je n’sais pas » (2022) / Morceau super dynamique et marrant sur les absurdités de la vie, en forme d’interrogation mi-subtiles, mi-absurdes (avec, ici encore, de nombreux invités) :
« Kisa ou lé » (2022) / Chanson aux accents créoles qui s’affranchit des frontières pour célébrer les vertus de l’ailleurs et de l’accueil, au-delà des différences : https://www.youtube.com/watch?v=DpJi88vMwrY
Bon week-end à tous et à toutes.