Les chansons de Ludovic Gourvennec

Février - Semaine 1 : 

Salut à toutes et à tous,

Lorsque j’ai commencé à enseigner, après deux années en Alliance française à Moroni en République Islamique des Comores (de 1992 à 1994), j’ai été affecté (en fait pour 5 ans) sur un premier poste en zone sensible à Amiens nord. Dans ce contexte (déjà à l’époque) très compliqué de ghettoïsation des quartiers, de déterminisme social négatif, de montée du Front National, de fracture sociale et républicaine (le slogan de campagne de Jacques Chirac), je m’étais dit que ça pourrait être sympa de faire découvrir à ces élèves, pour la plupart issus des 2e et 3e générations d’immigration du Maghreb et de l’Afrique noire, des groupes de chanson d’aujourd’hui (enfin contemporains à cette époque du XXe siècle, qui correspondait pile à une période charnière de mutation de la chanson avec l'arrivée des Dominique A, Noir Désir, etc.).

Après une période d’adaptation à ce contexte, je me suis lancé et ai contacté les producteurs de spectacles qui avaient défini une programmation en 1997 à Amiens, en leur envoyant un courrier sympa sollicitant les artistes. J’avais ciblé en octobre 1997 au Cirque (super salle type Cirque royal de Bruxelles) un concert du Breton Christophe Miossec avec une première partie des Louise Attaque (encore inconnus, qui venaient de sortir leur premier album – avec le tube « Je t’emmène au vent »). Résultat : deux réponses positives des artistes : l’une dans les temps de Miossec (que j’ai donc rencontré avec une classe de 4ème durant l’après-midi aux balances) et l’autre des Louise Attaque, qui, ayant été prévenus trop tard pour cette date, ont accepté de venir un mois plus tard directement au collège : moment magique où les artistes arrivent dans l’établissement en tour-van vers 11h, découvrent, à partir de leurs œuvres, les productions des élèves (poèmes, dessins, tableaux, etc.) et peuvent échanger avec eux (interview) – et on mange ensemble après, avant d’aller aux balances dans la salle de spectacle.

De fil en aiguille, et au cours du temps, j’ai conservé le lien avec Gaëtan Roussel, le chanteur de Louise Attaque, en réalisant en particulier avec eux plusieurs autres projets en France et en Allemagne (dont 3 jours complets à Freiburg en 2005 au moment de la sortie de leur 3ème album), au cours desquels le groupe a été d’une générosité exceptionnelle. Deux aspects me paraissent notables le concernant :

a)-Selon moi, il est l’artiste français qui, à titre individuel ou au sein des collaborations nombreuses (avec son collègue Arnaud Samuel pour le groupe Tarmac - si vous ne connaissez pas, surfez, c’est magnifique ; avec Bashung dont il a produit le dernier album « Bleu pétrole » ; avec Vanessa Paradis, ou Pomme, ou Rachid Taha ou Rachida Brakni avec qui il a créé le beau groupe Lady sir, etc.) a le plus défendu une certaine qualité de la chanson française, notamment en décidant de se renouveler (avec des textes toujours polysémiques), de se remettre en question et non de reproduire des recettes toutes faites – bien que paradoxalement, on puisse identifier son style récurrent.

b)-Après Louis Attaque, et au fur et à mesure de sa carrière solo, Gaëtan s’est ouvert, en quelque sorte émancipé, et, alors qu’initialement il refusait en général d’apparaître visuellement dans les clips ou sur les pochettes, il a assumé dans la communication son physique et son visage. Cette métamorphose était notamment flagrante sur scène depuis quelques années : beaucoup plus d’aisance, une présence nettement plus affirmée et assumée sur scène…

Je le dis direct : son dernier album (« Est-ce que tu sais ») est vraiment une réussite. Voici 3 chansons exemplaires :

« Tu ne savais pas » (2021), assez bouleversante à différents niveaux (la thématique liée au déroulement d’une existence avec une perspective de recul du quinqua, un texte toujours très travaillé – avec des erreurs d’orthographe volontaires et assumées ! donc qui n’en sont plus – la montée en puissance des arrangements qui commencent en acoustique et se développent progressivement en accents électroniques avec une fin vraiment envoutante, le clip si particulier où Gaëtan Roussel accepte totalement de présenter son visage incrusté de spectres et masques colorés, et sa voix si particulière…).

"Tu ne savais pas" (2021) : 

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Et en chouette live dans son appart :

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« Je me jette à ton cou » (2021) / Quand l’amour dans le couple constitue le refuge pour affronter la violence de l’existence, les aléas de la vie, les contrariétés banales, les petites dépressions ordinaires. Texte toujours magnifique (« C’est mon île d’être ensemble »). Et on peut noter, dans le clip, la présence du grand acteur français Daniel Auteuil, qui s’est lui-même mis dernièrement à la chanson (son album a été réalisé avec Gaëtan Roussel) :

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« Si par hasard » (2021) / Ma chanson préférée de l’album – que je vous propose ici en live acoustique. Une pépite de sensibilité, de nostalgie, de folk poétique, le piano et la guitare en harmonie. Les larmes montent aux yeux, c’est magnifique !

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Excellent week-end.