DECEMBRE - SEMAINE 1
Les chansons de Ludovic Gourvennec
Décembre - Semaine 1 :
Salut à toutes et à tous,
Ce n’est pas toutes les semaines qu’on a la chance de voir sortir un album commun de trois artistes qu’on adore ! (Je ne parle pas des Vieilles canailles, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday et Jacques Dutronc !) Là, quel album, « Ephémère », qui risque de durer longtemps ! La claque, le coup de foudre, le bonheur ! Et le sentiment intense de se dire que la chanson française d’aujourd’hui est bien vivante et stimulante.
Grand Corps malade, Gaël Faye et Ben Mazué conjuguent en effet leurs talents et leurs spécificités pour produire sept titres que je trouve vraiment réussis, parfois touchants, parfois drôles, toujours efficaces et dans le bon ton ou le bon tempo. Les trois artistes, engagés ces derniers temps respectivement sur leur album et leur tournée solo, ont néanmoins pris le temps de se réunir pour (ré)unir leurs voies/voix. Et en une semaine d’enregistrement dans le sud de la France, les œuvres étaient dans la boîte !
Le principe : chaque chanson traite d’un thème particulier et chacun des artistes y contribue en apportant son style écrit et vocal propre. Le tout est hyper cohérent, les différences composant une unité étonnante, grâce d’une fratrie artistique et musicale de haut niveau d’où naît une émotion rare, à la lisière de la chanson, du rap et du slam. J’écoute tout en boucle ces temps-ci. Petit décryptage panoramique pour vous laisser le plaisir de la découverte.
« On a pris le temps » (2022) : le bonheur avoué de se retrouver à trois, après le tambour des tournées, des occupations diverses, qui déversent, qui débordent, qui obsèdent, qui absorbent, « la promesse d’une pause, d’un répit, un coin de paradis, au milieu du monde », un jeu sur les mots et les sons jubilatoire :
« Tailler la route » (2022) : la tentation du départ (chère à Gaël Faye dans nombre de ses chansons) transcrite de trois façons différentes avec, en commun, cette ligne mélodique électro lancinante, obsédante, magnifique et celle de la voix de Ben Mazué :
En live à la télé :
« Sous mes paupières » (2022) : déclinaison individuelle au rythme ralenti et langoureux, nostalgique, d’un souvenir de vie particulier, géographique, sentimental, touchant, se terminant à chaque fois par l’expression du titre de la chanson :
« Qui a kidnappé Benjamin Biolay » (2022) : mise en perspective drôle et décalée d’une cérémonie des Victoires de la musique où les trois étaient nominés et c’est le chanteur du titre qui a gagné. A suivre un vol, des scrupules, un mec bourré, une bavure, donc une belle chanson, à laquelle Biolay a intelligemment octroyé son aval dans l’interphone.
« La cause » (2022) : le titre, porté par le sample du superbe « La superbe » de Benjamin Biolay, traite la question de ce qu’est une chanson engagée (ce thème m’a toujours beaucoup intéressé – selon moi, une chanson n’a en fait jamais changé le monde ou modifié la géopolitique, par contre elle en a très souvent été le reflet éclairant), de ce que signifie l’engagement d’un artiste, sa légitimité, son efficacité, la pertinence de prises de position éventuelles, avec à chaque intervention des artistes une démarche fondée sur la modestie, entre « parler, c’est prendre position » ou « je chante donc je fuis » :
Il vous reste deux autres chansons à découvrir et il existe aussi, pour ceux.celles que cela intéresse, une version livre-disque puisqu’un illustrateur et une équipe de tournage ont participé aux enregistrements. Et concerts annoncés à surveiller !
Bon week-end à tous et à toutes.
