Zaz (de son vrai nom Isabelle Geffroy) est l’incarnation de l’artiste qui a suivi une éducation musicale classique (solfège, école de musique, formations spécifiques) et qui a ensuite basculé dans une forme d’empirisme musical, de pratique de terrain en écumant les bars avec diverses formations, dans un style plutôt d’inspiration exotique (latino, reggae, tzigane…), ce qui l’a conduite à assurer les premières parties d’artistes comme Bernard Lavilliers ou Youri Buenaventura, ce qui donne une idée de l’ambiance. Mais ce qui est frappant chez elle, c’est sa voix si particulière, aux accents un peu rauques et très singuliers, qui contribue probablement à son originalité (que j’ai aussi pu constater en concert).
Ces épisodes lui ont donné une expérience pragmatique de la scène, en y alliant un engagement de type altermondialiste où la découverte des cultures fait partie de l’enrichissement personnel, collectif et musical. Le déclic vers le succès se produit sans doute au moment où elle remporte en 2009 un concours (dans les années 60, on disait télé-crochet) de France Bleu, qui va lui ouvrir l’avenir. Zaz enchaîne alors les productions, imprégnée des grandes influences de la chanson française comme Charles Aznavour, Joe Dassin ou Edith Piaf, à laquelle elle est souvent assimilée (une certaine gouaille, la chanson populaire qui semble dite dans la rue, des textes réalistes et bien écrits…). C’est une belle artiste d’aujourd’hui, présente mais pas envahissante, sensible mais pas larmoyante, authentique donc cohérente. Et qui est devenue (paradoxe ?), lors de la saison 2024-2025, jury dans l’émission de TF1 The Voice. Et, marque de fabrique, elle aime utiliser le kazoo, cet instrument à vent minimaliste qui envoie du bois !
« Je veux » (2010) : c’est la chanson qui la propulse sur le devant de la scène, avec cette thématique un peu naïve, mais qui est authentique, de la jeune fille qui dit que la vie l’intéresse plus que l’argent, la sincérité plus que les magouilles, la liberté plus que la routine, dans une dynamique très jazz manouche. Très beau succès initial.