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Les chansons de Ludovic - Brigitte Fontaine

(Re)découvrez l'originalité de la chanson française et francophone !
Ludovic Gourvennec

Je suis professeur de français et j'ai effectué l'essentiel de ma carrière à l'étranger. Je suis actuellement en poste dans le réseau des Écoles européennes. J'ai soutenu une thèse de doctorat consacrée à la chanson.

Pour vous aider à exploiter mes chansons en classe, n'hésitez pas à feuilleter mon article tiré de la revue de l'Association belge des professeurs de français "Vivre le français" : "Classe de FLE : 20 activités pour exploiter une chanson"

Ludovic Gourvennec

Dans la culture française, quand on parle de Fontaine, il y a Jean (de la), fameux fabuliste du XVIIème siècle, qui aura marqué des générations entières d’enfants ayant appris ses fables. Mais dans le bel univers de la chanson du XXème siècle, qui déborde carrément dans le XXIème, il y a Brigitte Fontaine, dont on espère que des générations entières connaissent et reconnaîtront son œuvre.

Ovni typiquement surréaliste et totalement inclassable, elle commence sa carrière en 1964, elle croise à ce moment-là Barbara, Georges Brassens ou le jeune Jacques Higelin. Ensuite, elle va développer une œuvre absolument originale, en collaboration étroite avec son mari batteur, le génial Areski Belkacem, et, au fil des ans, avec d’autres artistes, comme Alain Bashung, M, Noir Désir ou Zebda. Amoureuse absolue des mots et de la poésie (et notamment d’Arthur Rimbaud, dont le verbe ésotérique l’inspire profondément), sorte de correspondante française de Patti Smith, Brigitte Fontaine (si j’ose dire) nous abreuve de sa langue magnifique, dont la profondeur admirable et le style très spécifique expliquent probablement son succès underground. Mais qu’importe, les génies sont souvent incompris ou mal connus ou mal diffusés. Toutefois, elle a rayonné, on l’a vue au cinéma (découvrez-la dans Le grand soir (2012) de Benoît Delépine et Gustav Kervern, en mère de Benoît Poelvoord et Albert Dupontel, c’est très réussi), dans l’écriture (dont le fameux Les hommes préfèrent les hommes), concernée par beaucoup d’expositions, elle a su à toutes les époques butiner et s’inspirer des tendances expérimentales (comme avec Bjork), elle a porté haut l’étendard du féminisme progressiste, et, en 2025, à bientôt 86 ans, elle rugit toujours et produit un nouvel album avec les Liminanas. Nous avons là une artiste majeure et fondamentale. Voici quelques-uns de ses morceaux éparpillés dans le temps.

« Cet enfant que je t’avais fait » (1968) : chanson géniale sur la folie, dans un dialogue conjugal désespéré, mais on se demande ce que pouvait inspirer les auteurs à l’époque pour créer des textes si noirs…

« Ah que la vie est belle » (1997) : cette si merveilleuse chanson, hyper optimiste, est assez inégalable (« Ah que la vie est belle / Soudain elle éblouit / Comme un battement d’ailes / D’oiseau de paradis »). Clip kitsch.

Elle a d’ailleurs été reprise en 2024 de belle façon par Zaho de Sagazan.

« Y’a des zazous » (2001) : collaboration géniale avec le chanteur M, lui aussi décalé, dont les univers ont dû « matcher ». Les « zazous » sont des êtres sociaux intégrés mais un peu étranges, dont l’étrangeté mérite d’être acceptée.

« Le nougat » (1988) : chanson surréaliste, bien dans son esprit, au tempo raï, car elle y fait référence à l’Algérie, ici dans une version (2004) avec Mouss et Hakim (eux-mêmes d’origine algérienne) du groupe Zebda.

Son album « Pick up », vraiment très bien produit par la bande des Liminanas, s’inscrit dans sa veine un peu anarchiste, socialement critique, mais où l’amour et ses vicissitudes, le vieillissement et la mort, le rapport au corps, sont aussi abordés. En voici un exemple, « Cantilène » (2024) :

Basique : rencontre rapide avec elle dans cette émission de France télévisions.