10 stratégies pour enseigner le FLE aux pré-adolescents

Hugues Denisot vous propose quelques conseils faciles à mettre en place pour faciliter l'apprentissage du français avec vos classes de préados !
Hugues Denisot
Auteur de la collection Sésame
Posté le 05 Juillet 2021

1. Créer un lien positif avec ses élèves 

Que ce soit en les accueillant à la porte lorsqu’ils entrent dans votre classe, en prêtant attention à leurs intérêts ou en les laissant personnaliser leur espace de travail, vous démontrez à vos élèves qu’ils sont importants et qu’ils sont respectés. Si vous avez un local ou un coin français, demandez aux élèves de décorer votre tableau d’affichage en début d’année. Affichez-y aussi des photos de vos groupes afin qu’ils se sentent chez eux dans votre local. Commencez le cours en leur souhaitant la bienvenue et en leur demandant s’ils vont bien, créez un environnement bienveillant. Un élève qui se sent accueilli, écouté et respecté sera plus motivé à respecter votre façon de fonctionner et vos règles de vie. Dans le cadre de la leçon « Sésame, ouvre-toi ! », nous vous proposons de créer un panneau des salutations. En début d’année, ils vous salueront puis, progressivement, un élève pourra prendre votre place et vous pourrez être la dernière personne à rentrer en classe. Des vidéos existent sur Internet : tapez « saluer avant d’entrer en classe » dans la barre de recherche vidéo.

2. Marcher dans la classe 

La proximité règle plusieurs problèmes de discipline. Marcher dans le local pendant que vous parlez ou donnez des consignes garde les élèves alertes. Ils vont tourner la tête ou même tout le corps pour vous suivre des yeux. Durant un temps de travail (seul ou en équipe), circuler entre les tables vous permet de voir si les élèves travaillent et forcera les plus bavards à avoir l’air de travailler lorsque vous arriverez à proximité. Si un élève dérange, vous approcher de lui ou vous placer à côté de sa chaise pour donner vos consignes suffira souvent pour qu’il arrête... sans même que vous ayez prononcé son nom.

3. Insister sur le droit à la parole 

Lorsque vous élaborez vos règles de vie en début d’année, assurez-vous d’adresser le droit à la parole. Un enseignant qui a le droit à la parole ne devrait pas se faire interrompre par un élève. Si un élève choisit de parler lorsqu’il n’a pas le droit à la parole, arrêtez-vous, regardez-le et posez-lui la question suivante : « Qui a le droit à la parole ? » Habituellement, c’est suffisant pour qu’il se taise. N’oubliez pas de faire aussi respecter le droit à la parole des élèves. Utilisez également le non verbal pour démontrer à un élève qu’il parle sans avoir le droit à la parole. Les élèves aiment poser des questions sans lever la main. Si un élève vous adresse la parole sans avoir levé la main, regardez-le, sans rien dire, et levez votre main (pour lui indiquer qu’il devait lever sa main avant de parler). Portez ensuite votre attention vers un autre élève qui a la main levée, pour finalement revenir au premier élève s’il a compris qu’il devait lever sa main.
Pensez à afficher les règles de vie de la classe à la vue de tous afin de pouvoir également les rappeler d’un simple geste du doigt.

4. Limiter les déplacements 

Avec des préadolescents, une classe peut facilement devenir difficile à gérer si vous ne limitez pas leurs déplacements. Donnez-leur des règles précises. Pensez à les faire bouger régulièrement dans le cadre des activités et de votre enseignement. Pensez à les faire travailler régulièrement en groupes afin qu’ils puissent également facilement socialiser. Si vous sentez vos élèves plus agités que de coutume, mettez une chanson et permettez-leur de se lever, de s’étirer et, pourquoi pas, de danser. Limitez cela à une minute trente.

5. Être conséquent 

Les élèves doivent comprendre les règles de la classe. Faites-y référence souvent (affichez-les !). Ils doivent aussi comprendre quelle conséquence découle de leurs mauvais choix. Parlez-en et soyez constant(e). Chaque mauvais choix a sa conséquence et celle-ci est appliquée de façon constante, peu importe l’élève, à chaque fois qu’il se produit. Cela demande beaucoup de concentration et d’énergie de votre part, surtout en début d’année, mais ça en vaudra le coup une fois votre gestion de classe établie. Vous vous féliciterez après quelques mois lorsque vos élèves seront respectueux. Au lieu de toujours punir les élèves pour leurs mauvais choix, récompensez-les pour leurs bonnes actions. Félicitez-les régulièrement ! Pensez à mettre en place des systèmes de récompenses pertinents individuels et collectifs.

6. Communiquer avec les parents 

Une communication ouverte entre l’école et la maison est essentielle. Établissez un premier contact le plus tôt possible, que ce soit à une réunion d’information ou dans une lettre de bienvenue. Communiquez avec eux lorsqu’il y a un problème ou lorsque vous avez des inquiétudes. Un parent doit être prévenu si son enfant manque de respect en classe ou s’il peine à réaliser ses devoirs. Communiquez avec les parents de façon régulière, en faisant l’effort de souligner les bonnes choses. Les élèves vous verront comme un allié.

7. Donner des consignes claires  

Avant de mettre les élèves à la tâche, assurez-vous que vos consignes soient claires. Écrivez-les au tableau (numérotez-les, utilisez des couleurs mais de manière modérée). Affichez les référentiels qu’ils peuvent utiliser pour avoir plus d’information à l’écran ou à l’aide d’un aimant sur le tableau. Ils pourront les retrouver plus facilement dans leur cartable. Si vous avez oublié de donner une consigne et que vous voulez interrompre leur temps de travail, assurez-vous d’avoir le silence et l’attention de tous avant de parler. Sinon, vos propos risquent d’être compris seulement par quelques-uns. Au lieu de lever la voix ou d’éteindre les lumières lorsque vous voulez leur attention une fois qu’ils travaillent en équipes, utilisez la phrase du silence : Si tu m’entends, lève la main en silence.

8. Utiliser une minuterie 

Pour être engagé et rester à la tâche, un élève doit connaître les deux choses suivantes :
1. Qu’est-ce que je dois faire ?
2. Combien de temps ai-je pour le faire ?
Une fois vos consignes données et inscrites au tableau, affichez une minuterie à l’écran ou utilisez un sablier pour délimiter le temps de travail. Cette méthode est particulièrement efficace lors des travaux d’équipe et des jeux d’évasion. Les élèves ont plus de chances d’avoir un produit final s’ils ont reçu une contrainte de temps. Sans contrainte, ils risquent de socialiser et votre travail, aussi intéressant qu’il soit, passera au deuxième plan. Vous pouvez mesurer le temps de travail en chansons au lieu de minutes : « Vous avez deux chansons pour corriger votre travail ». N’en abusez pas trop non plus, la musique pour certains est une distraction qui fait aussi augmenter le volume du bruit dans la classe.

9. Aménager la classe selon votre style d’enseignement et vos besoins 

Il n’y a rien de mal à placer les pupitres de façon plus traditionnelle le temps d’apprendre à connaître vos élèves. Des pupitres collés deux par deux ou même placés en rangées aideront les élèves à éviter les distractions, à être plus attentifs durant les consignes et à rester concentrés durant les tâches individuelles. Les meubles peuvent facilement être déplacés temporairement pour une activité de groupe. L’aménagement de la classe n’empêche pas les activités pédagogiques qui peuvent y avoir lieu.
Optez pour un aménagement plus flexible après quelques semaines ou mois, lorsque les élèves comprendront mieux vos normes de fonctionnement ou lors d’activités spéciales durant l’année.
C’est aussi une bonne idée d’assigner des places. Celles-ci peuvent changer chaque mois si vous le voulez. Toutefois, un préadolescent sociable doit comprendre que choisir son espace de travail est un privilège. Le but premier de la salle de classe est l’apprentissage. C’est le rôle de l’enseignant de choisir un plan de classe qui facilitera la concentration et favorisera l’apprentissage de ses élèves. S’asseoir avec son ami n’est pas toujours le meilleur choix. En ayant des places assignées, vous assurerez aussi un meilleur suivi avec vos remplaçants lors d’une absence (pensez à l’afficher). Vous pourrez aussi utiliser le choix de sa place comme récompense durant l’année (journées spéciales, fin de mois, activités en équipes, etc.).
N’hésitez pas à laisser faire parfois le hasard en proposant aux élèves, par exemple, à l’issue du parcours 2 de la méthode, de choisir une forme et une couleur avant d’entrer dans la classe. L’élève doit nommer la forme et la couleur qu’il a tirées au sort, puis chercher le pupitre sur lequel vous avez placé la même forme de la même couleur.

10. Planifier les débuts et les fins de cours 

Lorsqu’un élève entre dans la classe, il doit savoir ce qu’il fera durant la période grâce au programme du jour. Il saura aussi ce qu’il doit faire si vous écrivez la consigne au tableau. Cette consigne doit être assez simple, demandant aux élèves de sortir une feuille, d’aller chercher leur tablette ou même de continuer un travail déjà entamé. Cette pratique fait en sorte que le cours commence par lui-même, sans que vous ayez eu à demander à vos élèves de se taire.
Cela se transformera rapidement en rituel. Ayez aussi des activités pour vos élèves lorsqu’ils finissent un travail, sinon, certains se feront un plaisir de déranger les autres. Utilisez par exemple les activités en autonomie du fichier ressources (mots croisés, sudoku, dessin, énigmes, etc.). Encouragez aussi les élèves à s’avancer dans leurs devoirs s’ils travaillent en autonomie dans le cahier d’activités. Pensez à arrêter toute activité 5 minutes avant la fin du cours afin de soigner ce temps de prise de congé. Profitez-en pour rappeler ou faire rappeler aux élèves ce qui a été fait. Félicitez-les pour leur travail s’il y a lieu. Donnez-leur rendez-vous pour le cours suivant. Distribuez-leur la note « travail à la maison » si vous avez prévu de leur donner des devoirs. Mettez en place l’activité « Se dire au revoir » proposée dans ce guide.