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Les chansons de Ludovic - Zaho de Sagazan

(Re)découvrez l'originalité de la chanson française et francophone !

Ludovic Gourvennec

Ludovic Gourvennec est professeur de français langue maternelle, seconde et étrangère, formateur et conseiller pédagogique. Titulaire d’une thèse de doctorat consacrée à l’utilisation de la chanson en classe et publiée chez Hachette (Paroles et musiques, le français par la chanson), il adore cette chanson d’hier et d’aujourd’hui, en parler, en jouer, la faire vivre en classe, la faire découvrir dans le monde, cette chanson diverse qu’on écoute, qu’on reprend, qu’on découvre et qu’on partage en héritage.

Ludovic Gourvennec

Avec son nom à vrai dire assez énigmatique, presque poétique, Zaho de Sagazan, originaire de Saint-Nazaire et issue d’une famille où les enfants sont des artistes, a débarqué en 2023 et son ascension sensationnelle a eu peu d’équivalent ces dernières années. Après une résidence fructueuse aux Transmusicales de Rennes (ce qui est très bon signe en termes d’avenir), elle a été propulsée en haut des hits avec son bel album La symphonie des éclairs. Elle a surpris tout le monde en surgissant ainsi et il faut reconnaître qu’on a affaire à une artiste vraiment originale, avec une diction tantôt normale, tantôt prononcée à l’ancienne avec certains « r » roulés, parfois encore rapide comme Aznavour, parfois murmurée comme Barbara. Ses chansons apportent une nouveauté touchante dans un mix de musique électronique et de chanson française (aux textes pas toujours joyeux). Dans la lignée artistique d’un Stromae (les textes, la diction, les arrangements) et forte d’une personnalité qu’on sent à la fois discrète et affirmée (elle n’hésite pas à s’engager sur des sujets internationaux ou sociétaux), elle a contaminé l’année 2024, par son succès croissant concrétisé par 4 Victoires de la musique et, surtout, par sa participation à la cérémonie de clôture des JO de Paris 2024 en reprenant une chanson d’Edith Piaf, Sous le ciel de Paris. Voici quelques beaux morceaux de son répertoire (elle a également effectué en 2025 une tournée avec une très émouvante version symphonique de son album).

« La symphonie des éclairs » (2023) : magnifique chanson en forme d’autobiographie qui explique pourquoi, alors enfant, elle s’est lancée dans la chanson, les failles personnelles devenant des atouts à partager (« je ferai danser les gens au rythme de mes pleurs »). Le jeu de l’énonciation et du dédoublement (passage du « je » du refrain au « elle » des couplets) est subtilement réalisé. / Il existe deux clips différents mais chacun d’eux est réussi.

« Les dormantes » (2023) : chanson angoissante qui déconstruit l’amour à travers l’angle traumatique de la manipulation et de la perversion masculine. Le très beau clip confirme le sentiment du texte.

« Tristesse » (2023) : morceau sur la résilience, sur la faculté à dépasser le spleen, à reprendre le contrôle de ses sentiments désespérés et de sa vie (« Marionnettiste je suis / et sûrement pas l’inverse »). Arrangements électro très efficaces. Le clip est vraiment ciblé artiste. 

« Ne te regarde pas » (2023) / Chanson sur le rapport au corps et sur l’idée qu’il faut accepter de se détourner du formatage social. Ici version live au Café de la danse Paris 

« Dis-moi que tu m’aimes » (2023) : en live radio, c’est sublime. 

« Ô travers » (2024) : arrangements électro et claviers années 80 pour ce beau morceau qui évoque les défauts de chacun qu’il faut bonifier, si tant est qu’on s’y confronte. De névroses en questionnement, de dialogue en possible analyse, le texte, presque psychanalytique, semble rejeter le déni, en particulier au sein des familles, pour aller vers le dire. 

Live à Toulouse (2024) :