Damso est un artiste belge et congolais (RDC) qui représente une figure majeure du rap francophone actuel, et il est énormément écouté et streamé dans le monde. Il sort vraiment de l’ombre à partir de 2015 et il connaît peu à peu un succès populaire et, parallèlement, une reconnaissance artistique par ses pairs (selon un large spectre du rap à la chanson). Le nombre des collaborations qu’il mène est assez impressionnant (Aya Nakamura, Kalash criminel, son frère Michkavie, Gazo, Angèle, Nekfeu, Lous and the Yakouza, Louane, etc.) et on sent que c’est un artiste, lucide sur lui-même, qui aime aller se confronter à des univers différents du sien donc stimulants (« Ce qui m’intéresse, c’est d’aller dans des profondeurs que je ne connais pas » dit-il), à toujours chercher du nouveau plutôt que de reproduire à l’infini un modèle qui marche. Patron dans le rap et mais ouvert à la nouveauté, soucieux de découvrir les autres mais presque casanier, sûr de son art mais prêt constamment à se remettre en question, Damso a un côté énigmatique, complexe, intrigant et insaisissable. Il affirme lui-même : « Plus je comprends le monde, plus j’ai envie de m’en éloigner. » D’où cette pratique qu’il formule joliment comme le « jeûne de silence ».
Son enfance difficile, au milieu de la violence à Kinshasa, l’a probablement conduit à cette forme de distanciation (« Quand j’avais sept ans, j’ai commencé à voir beaucoup de sang, j’ai très vite compris que le monde n’était pas un endroit doux, qu’il n’était pas forcément ce que les dessins animés me montraient. J’ai très vite commencé à m’isoler à partir de cet âge-là. Tout cela a influencé mon écriture, ma vie, ma façon de voir le monde » explique-t-il dans les Inrocks de novembre 2024). Violence qui se reflète forcément dans les paroles très crues de ses chansons, miroirs d’un contexte familial et socioculturel particulier. Ecrire pour lui, selon cette belle formule : « C’est comme si j’établissais une relation avec ma peine pour mieux la comprendre. » Voici quelques chansons.
« Mosaïque solitaire » (2017) : sur l’album Ipséité, ambiance sombre qui évoque beaucoup d’adversités accumulées (« Ils ne me veulent pas du bien »), avec un constat sur soi sans équivoque (« Dams sale », « Damsolitaire »), mais aussi les décisions ou postures pour s’en sortir.